Communiqué de presse - Covid-19


Communiqué de presse - Covid-19

Puyoô, le 07/01/2021.


LE PLUS VIEUX PIVOT ENCORE EN FONCTIONNEMENT EN FRANCE A 47 ANS ET SE TROUVE DANS LES LANDES

par Fleur Martin
Irrigazette n°181 (Novembre/décembre 2020)
www.irrigazette.com

Francis Dubourg, l’agriculteur propriétaire de la ferme depuis 2004, nous a accueilli. Il était accompagné de José Maya, revendeur de matériel d’irrigation à Cestas à la retraite et de son fils, propriétaire de la ferme voisine.
La ferme de Francis Dubourg fait 335 hectares, dont 320 ha cultivés et 15 hectares de jachère. Il cultive du maïs semence, du maïs grain, de la pomme de terre et des haricots, et possède 10 pivots au total pour irriguer l’ensemble (7 pivots et 3 rampes frontales).

 

MAÏS, POMME DE TERRE ET HARICOTS SONT CULTIVÉS SUR LA FERME
Nous reprenons la voiture pour nous rendre sur la parcelle sur laquelle se trouve le plus vieux pivot encore en fonctionnement en France.
Sur cette parcelle sont plantés des haricots ; c’est la seconde récolte de la saison. M. Dubourg nous explique :
« On a planté le 8 mai, et le 10 mai, il y a eu des pluies diluviennes, on a tout perdu et il a fallu replanter Heureusement, les assurances nous ont remboursé ». Les haricots ont été ressemés peu de temps après, puis ils ont ressemé deux mois plus tard, le 3 août, après la première récolte. « Aujourd’hui, il y a des incertitudes sur la seconde récolte car elle a été semée très tard » explique M. Dubourg : « La récolte a généralement lieu 63 jours après les semis, ce qui nous amène au 6 octobre. Le risque est qu’il y ait des gelées ».
Pour les haricots et le maïs semence, M. Dubourg a passé un contrat avec la coopérative Lur Berri, ce qui limite les risques car ce sont eux qui décident quand ils sèment et quand ils récoltent. Ils louent la terre en quelque sorte.

Le fait d’avoir des contrats est une sorte d’assurance pour l’agriculteur qui est à peu près sûr de toucher une certaine somme à la fin de la saison, bien que les conserveurs tendent à réduire les marges des agriculteurs depuis trois ans. « En grande distribution, les consommateurs veulent toujours le prix plus bas, et cela se répercute sur l’ensemble de la chaîne » explique M. Dubourg, « Les conserveurs regardent combien on fait en maïs, puis ils fixent le prix des haricots ». Et il reprend : « Mais quand on a un contrat en haricot, on aime bien le garder. D’autant que je n’ai qu’un employé sur la ferme ».
Dans la parcelle d’à côté, il y avait des pommes de terre qui ont été arrachées. Pour les pommes de terre, M. Dubourg a également passé un contrat, avec un voisin, Samuel Allix, qui livre la grande distribution.
Il a choisi de diversifier les cultures car les marges sur le maïs sont trop volatiles : « quand j’ai acheté la ferme, le mais était à 200 € la tonne, 3 ans après, il était à 100 € la tonne et aujourd’hui, on est autour de 150€. Quand on sème du maïs, on ne sait pas combien on va le vendre. C’est pourquoi j’ai décidé de faire aussi de la pomme de terre et des haricots ».
Les marges sont plus importantes sur les haricots que sur le maïs. Cependant, les cultures basses sont un peu plus contraignantes que le maïs : sur les cultures basses, Bruxelles oblige les agriculteurs à une rotation des cultures et à épandre un engrais vert en hiver afin de re-fertiliser la terre et de conserver la structure du sol. Ce n’est pas le cas pour le maïs : « on ne peut faire que du maïs pendant 30 ans car le maïs re-fertilise la terre » remarque M. Dubourg. Sur les 320 ha cultivés, M. Dubourg ne cultive en propre que 20 ha de maïs grain. Tout le reste est sous contrat.

 

« ON A IRRIGUÉ NON STOP PENDANT DEUX MOIS »
« Entre le 20 juin et le 10 août, nous n’avons pas eu une goutte de pluie », explique M. Dubourg. L’été 2020 a été l’un des plus chauds et des plus secs depuis que les relevés de température existent. Pendant les deux mois d’été, l’agriculteur dit avoir arrosé sans arrêt, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 6 mm par jour, soit 42 mm tous les 7 jours. Pour le maïs, les pivots ont fonctionné sans arrêt. Pour les pommes de terre et les haricots, l’irrigation est à la demande : deux tours par semaine étaient nécessaires. Heureusement, M. Dubourg ne manque pas d’eau car sa ferme se trouve sur la nappe phréatique des Landes, très bien pourvue en eau. Cette eau, qui vient des Pyrénées, est ferrugineuse (chargée en fer) donc est impropre à la consommation humaine. C’est une particularité des Landes. « On est posé sur une éponge » explique M. Maya. En été, la nappe descend à 10 mètres, et l’hiver, elle remonte à 2,50 mètres ; et il y a toujours de l’eau.
M. Dubourg nous en dit un peu plus sur le pivot en question : « Ce pivot est un pur F63. Il a plus de 47 ans et c’est mon prédécesseur Joël Delacour qui l’a monté au moment où il a acheté la ferme en 1972, en même temps qu’il a défriché ». Ce pivot électrique succédait aux pivots à propulsion hydraulique (Hygromatique). Il avait été fabriqué par lrrifrance et installé par lrriland (devenu Otech). Le précédent propriétaire possédait le potager de Cassy. Il cultivait des fruits et des légumes (fraises, …), mais M. Dubourg a arrêté le potager par souci de simplicité. Quelques temps après avoir racheté la ferme, M. Dubourg a ajouté le contrôle à distance à ses pivots.

Il me montre la vieille armoire qui avait été installée à l’époque. « Le soir avant d’éteindre la lumière, je jette un coup d’œil sur mon téléphone portable et je dors bien » dit-il. En effet, Il y a quelques années, deux de ses pivots sont entrées en collision et se sont effondrés. Derrière, il a eu une semaine de réparation. « Si cela arrive pendant la campagne, ça peut être catastrophique pour les cultures », explique-t-il. C’est après cet évènement qu’il a décidé de s’équipé du GPS (RAINLOC de chez Otech) et qu’il a raccordé les deux pivots des parcelles sur lesquelles on se trouve, car ils peuvent se croiser. Le système a coûté 1 200 € par appareil ; il peut être également relié aux rampes frontales. À terme, il devrait raccorder tous ses appareils.
Les concessionnaires entretiennent le parc de pivots existant de notre agriculteur et se chargent par exemple de remplacer les tubes et quand ils sont endommagés. « Ils se sont mis sur un bon créneau », remarque José Maya. Mais aujourd’hui, le fameux F63 a un tube percé et est en fin de vie après 47 ans de loyaux services. Il va devoir le remplacer cet hiver car recommencer une campagne avec est trop risqué : « S’il me lâche en pleine campagne, ce serait catastrophique ». Il va en profiter pour refaire la station de pompage et passer le pivot en basse pression.
Il doit également commander un second pivot ; sur une de ses parcelles, il y a une sorte de remembrement de terrain et un angle n’est pas irrigué. Le second pivot permettra de faire le quart de tour manquant Il va ainsi augmenter sa surface cultivée de 10 ha. Ainsi, il va acheter un pivot de 8 travées pour remplacer l’ancien et un autre pivot de 9 travées, avec deux armoires, pour un investissement total de 110000 €.
Je le questionne sur le VRI, système qui permet de moduler l’arrosage en différents points d’une parcelle.

Selon M. Dubourg « Ce sera la prochaine étape. J’ai une parcelle de maïs très hétérogène à Cestas, arrosée avec un pivot de 12 travées. Au milieu de la parcelle, j’ai une zone très humide qui est trop arrosée. Ce serait bien de pouvoir fractionner les apports d’eau ».
Pendant la campagne d’irrigation, M. Dubourg est épaulé par le GRCETA (Groupement de Recherche sur les Cultures et Techniques Agricoles) des Landes. Sur les 200 agriculteurs irrigants de la zone des Landes, une centaine sont adhérents du GRCETA. Le GRCETA leur envoie régulièrement des conseils pour l’irrigation. Il existe une ferme pilote équipées de sondes d’humidité dans la zone de Galabon, qui permet de savoir à un instant T, la quantité d’eau exacte qu’il faut apporter, et ceci par type de culture. « Ces informations sont très utiles » remarque l’agriculteur. Le GRCETA organise également plusieurs réunions dans l’année, une en juin, une en septembre et deux en hiver, ce qui permet d’échanger avec les autres agriculteurs. « Mais celle de septembre est annulée à cause du Coronavirus », déplore M. Dubourg.
Je le questionne sur le bio : « On n’est pas en bio mais on est en agriculture raisonnée. On apporte l’eau et les intrants le mieux possible au meilleur moment et à des doses minimales ».